Dans le monde du tricot, on a parfois l’impression que tout est divisé en deux équipes : les inconditionnel.le.s des laines de teinturier·ères, ou les personnes qui ne jurent que par les laines industrielles. En vérité, il n’y a évidement pas de bonne ou de mauvaise solution. On peut donc être à la fois admitateur·ice de laines teintes à la main, et avide de laines industrielle ! Tous les fils méritent d’êtres découverts, même s’ils ont quelques différences notables.

Pelotes et écheveaux

Très souvent, la différence entre une laine commerciale et un laine artisanale se voit dans leur présentation. En général, les pelotes qui sortent de l’usine sont conditionnées sous forme de pelotes, de belles boules de laine prêtes à tricoter. A l’inverse, les laines teintes à la main se trouvent sous forme d’écheveaux : une longue bande de laine entortillée. L’écheveau permet de voir toute l’étendue du coloris de la laine. Mais il ne peut pas être tricoté directement, il faudra d’abord le bobiner pour le transformer en “cake” (pelote). Chez la plupart des teinturier.ère.s, on peut demander à ce que les écheveaux soient bobinés lors de l’achat (avec un surcoût ou non).

Vous souhaitez en savoir plus sur la différence entre pelotes et écheveaux, et savoir comment bobiner ces derniers ? On en parle plus en détail dans cet article !

L’inévitable question du prix

De manière générale, les laines teintes à la main sont plus chères que les laines industrielles. Mais il faut tout de même nuancer cette affirmation, car on ne compare pas les mêmes produits. C'est un peu comme comparer ton bon bistrot de quartier avec un restaurant gastronomique. Les deux sont excellents et tu passeras un bon moment. Mais en général le restaurant gastronomique aura un petit truc en plus, un originalité, un côté plus artistique et plus sophistiqué. C'est pareil pour la laine. On trouvera de très belles choses à la fois dans les fils industriels et les fils artisanaux. On pourra être agréablement surpris ou déçu par les deux.

Prenons l’exemple de chaussettes, avec un mélange de laine et de nylon. Pour une laine artisanale vendue en France, on sera en principe entre 20 et 30 euros les 100 grammes. Pour une laine industrielle, on trouve souvent entre 4 et 8 euros la pelote de 50 grammes (sur internet). Donc les chaussettes seront indéniablement moins chères avec une laine industrielle. Par contre les coloris seront plus classiques, comparés aux laines artisanale et leurs teintures uniques.

Régularité ou originalité : comment sont teintes les laines à tricoter ?

Pour les fils industriels, la teinture est en général faite dans de grandes cuves, avec une grande quantité teinte en une fois. Les colorants sont souvent synthétiques et étudiés pour bien se fixer à la laine. On aura donc un résultat plus homogène, en plus grande quantité, et les couleurs auront moins de risque de dégorger. Mais il peut tout de même y avoir quelques différences entre les différents bains de teinture, il faut donc surveiller le numéro de bain quand on achète plusieurs pelotes pour faire un projet.

Si ça vous intéresse, vous pouvez aller jeter un oeil à ce reportage réalisé par Bergère de France dans son usine.

Pour les fils artisanaux, la teinture est, comme le nom l’indique, artisanale. Elle se fait en petite quantité dans des petits bacs et à la main, avec au maximum une dizaine d’écheveaux en même temps. Il est donc difficile d’obtenir un résultat homogène sur une grande quantité de fils. Par contre, comme la teinture est faite à la main et directement sur un écheveau, les teinturier·ères ont une plus grande liberté pour la créativité : speckles, mélanges, dégradés uniques… Les couleurs peuvent être obtenue avec des colorants artificiels, ou même des colorants végétaux artisanaux avec les plantes du jardin !

Les types de fils

Un des avantages des fils industriels est la possibilité de trouver des matières synthétiques. Les raisons sont nombreuses pour devoir faire appel à ce type de fils : sensibilité à la laine, facilité d’entretien, besoin d’un fil spécifique … Difficile de trouver une laine chenille pour faire une peluche chez un teinturier. Il faut tout de même noter que les fibres naturelles ont plus de propriétés bénéfiques (notamment la chaleur) que les fibres synthétiques.

Du côté artisanal, on trouvera plus facilement des fibres un peu plus originales comme l’alpaga, le chanvre, la soie, le yack… qui seraient plus difficiles à fabriquer et vendre en grande quantité.

La responsabilité environnementale et sociale

Aujourd’hui, nous faisons de plus en plus attention à la responsabilité de nos achats, et ça vaut aussi pour la laine ! Contrairement aux idées que l’on peut se faire, laine industrielle ne veut pas forcément dire Made in China ! Mais ça existe quand même.

Ainsi, que ce soit pour les fils artisanaux ou industriels, c’est à nous de nous renseigner pour faire des achats pertinents. Les informations à regarder sont : le pays du siège social de l’entreprise et les conditions de travail qui y sont pratiquées, le lieu de provenance des matières premières, les traitement utilisés, le respect des animaux, les labels … Certaines entreprises jouent le jeu de la traçabilité, d’autres moins. Encore une fois, c’est aussi à nous d’assumer nos choix.

En conclusion, selon moi, le débat industrie contre artisanat dans l’univers de la laine à tricoter n’en est pas un. Les deux techniques peuvent et doivent coexister pour permettre à chacun.e de se faire plaisir selon ses envies et son budget.

Pour aller plus loin …

• Les fibres synthétiques : à quoi servent-elles ?
• Les fibres animales : pourquoi on les adore ?
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